A moins d’une crise majeure qui nécessite une intervention immédiate, la décision de consulter un professionnel de la relation d’aide est souvent le fruit d’un lent processus. Dit autrement, c’est une décision qui se prend rarement du jour au lendemain mais plus souvent quand nous avons le sentiment que nous avons épuisé toutes les autres options.

Se pose alors la question délicate du choix de la personne à consulter. Et là, pas toujours facile d’y voir clair! Cela peut rapidement tourner au casse-tête. De plus, la démarche d’aller à la rencontre d’une personne du monde « psy » peut faire un peu peur et susciter des questions bien légitimes.

Tentons de démêler tout cela en balisant les grandes catégories de professionnels de la relation d’aide. En effet, chacun a ses spécificités et votre choix peut varier en fonction de votre situation du moment et du domaine d’expertise de chaque professionnel.

Les psychologues

Les psychologues sont des professionnels du comportement, des émotions, des cognitions et de la santé mentale. Ils interviennent auprès des personnes en détresse ou qui éprouvent des difficultés psychologiques.

En psychologie, il existe différentes manières d’appréhender le fonctionnement de l’être humain, ce qu’on appelle en jargon « les différentes orientations ». Dès lors, les psychologues peuvent souscrire à une ou plusieurs orientations différentes. Nous allons essayer d’en dresser un panorama à la fois explicite et synthétique en nous concentrant principalement sur les psychologues cliniciens, c’est-à-dire qui travaillent dans le domaine de la santé mentale.

Pour porter le titre de psychologue, il faut avoir suivi des études universitaires en psychologie. Ce titre est également protégé par la loi. N’étant pas médecins, les psychologues ne sont pas habiletés à prescrire des médicaments.

Les neuropsychologues

Les neuropsychologues sont spécialisés dans l’étude des facteurs biologiques qui sont à l’origine des problématiques comportementales. En particulier, ils étudient l’influence des différentes composantes du système nerveux, donc notamment du cerveau, sur les pensées, les sentiments et le comportement.

Quand consulter un neuropsychologue? Cela s’avèrera pertinent si on observe chez une personne des difficultés d’adaptation dans une ou plusieurs sphères de la vie (école, travail, vie quotidienne, relations sociales) qui peuvent trouver leur source dans des dysfonctionnements des fonctions cognitives (l’attention, la mémoire, le raisonnement, le langage, etc.) et des fonctions exécutives (planification, inhibition, flexibilité).

Exemples:

  • Chez les enfants: troubles de l’attention et difficultés d’apprentissage
  • Chez les adultes: troubles neurologiques liés à des causes extérieures comme un traumatisme crânien, un accident vasculaire cérébral, un abus de substances ou une tumeur
  • Chez les personnes âgées: maladies neuro-dégénératives (Alzheimer, etc.)

Les psychologues d’orientation cognitivo-comportementale

Les psychologues qui travaillent avec ces techniques associent la thérapie cognitive et les thérapies comportementales. La thérapie cognitive se focalise sur l’étude des processus mentaux, la mémoire, le langage, etc. et sur la manière dont ces processus influencent la vie émotionnelle et les actes d’une personne. La thérapie comportementale se concentre sur l’étude des comportements observables ainsi que sur le rôle que joue l’environnement comme facteur déterminant du comportement humain.

En synthèse, les thérapies cognitivo-comportementales s’articulent autour du principe suivant: les pensées et l’environnement d’une personne influencent son comportement et comment elle se sent, et inversement. Ces thérapies se concentrent plus sur le présent que sur le passé et mêlent des entretiens avec la mise en oeuvre d’exercices pratiques tant au domicile que dans des situations de la vie quotidienne.

Quand consulter un psychologue cognitivo-comportemental? Cette approche thérapeutique est particulièrement indiquée dans la régulation de certains troubles, en particulier dans la gestion des difficultés émotionnelles (peur, tristesse, etc.), le trouble d’anxiété généralisée, le trouble panique, la phobie sociale, le stress post-traumatique, la dépression et l’anxiété (notamment chez l’enfant). En aidant le patient à mieux comprendre sa manière de penser, la thérapie cognitive-comportementale amène le patient à mieux maîtriser ses comportements. Il accroît alors sa confiance dans ses interactions avec son environnement.

Les psychologues d’orientation psychodynamique

Les psychologues qui travaillent avec cette approche mettent l’accent sur la dynamique inconsciente des forces intérieures du psychisme. Dans cette perspective, on part donc de l’idée que ce sont les conflits dans l’inconscient qui guident et orientent le comportement du patient. Le travail du psychologue et du patient va consister à explorer les soubassements inconscients pour dénouer les problématiques qui y sont cachées. Il s’agit d’une exploration qui mêle à la fois enquête, archéologie et spéléologie. Dès lors, un tel cheminement nécessite souvent d’aller explorer les conflits et les difficultés du passé, notamment celles de l’enfance.

L’approche psychodynamique se rattache à la psychanalyse. C’est Sigmund Freud qui en délimita le premier les contours, suivi ensuite par d’autres penseurs tels que Carl Gustav Jung, Jacques Lacan, Mélanie Klein, Françoise Dolto ou encore Donald Winnicott. Elle vise à prendre la personne humaine dans sa globalité et à tenter de résoudre les problématiques en profondeur.

Entreprendre un travail avec un psychologue d’orientation analytique est indiqué lorsqu’une personne sent que des problématiques structurelles se répètent dans sa vie, que les causes sont multiples et diffuses, et qu’elle souhaite entreprendre un travail de fond, un travail de transformation plus vaste. Par conséquent, ce type de démarche peut s’étendre sur une plus longue durée, si le patient le désire.

Les psychologues d’orientation systémique

Alors que l’approche psychodynamique se concentre sur les conflits intérieurs inconscients, l’approche systémique a pour visée de resituer le patient dans une compréhension globale du système relationnel dans lequel il gravite, comme la famille, le couple, les amis ou encore les collègues. Le postulat de cette orientation est que les troubles psychologiques et comportementaux du membre d’un groupe constituent en fait un symptôme du dysfonctionnement de ce groupe.

On distingue la thérapie systémique individuelle et la thérapie systémique et familiale. Dans la thérapie individuelle, travailler avec un seul individu qui fait évoluer ses relations avec les autres membres d’un groupe peut amener le fonctionnement du groupe entier à se modifier. Dans la thérapie systémique familiale, la dimension familiale a trait au fait que le travail va d’emblée prendre en compte l’implication de toutes les personnes qui composent le groupe, même si on ne traite pas tous les membres du groupe. Ce dernier élément signifie qu’il ne s’agit pas nécessairement d’une thérapie de groupe: c’est l’étendue du champ d’action a priori de la thérapie dans le réseau relationnel ou pas qui lui confère son caractère familial ou non.

La thérapie d’orientation systémique est donc particulièrement indiquée quand ce sont des problématiques relationnelles qui sont à l’avant-plan, notamment au niveau du couple ou de la famille.

Mais encore…

D’autres spécialisations existent en psychologie comme la psychologie sociale, la psychologie du travail et industrielle, les psychologues spécialisés en science de l’éducation ou en psychométrie, etc. Les possibilités sont vastes et expriment bien la diversité et la richesse de la discipline! On trouve ainsi des psychologues au sein de nombreuses sphères professionnelles comme les entreprises, les universités, les centres de recherche… La profession s’étend donc bien au-delà des activités qui ont trait à la relation d’aide proprement dite.

Mais ce qu’il est surtout important de retenir, c’est que la distinction entre les différentes orientations ci-dessus revêt finalement un caractère assez théorique. En pratique, de nombreux psychologues travaillent de manière intégrative, c’est-à-dire que, même s’ils s’appuient sur un socle théorique principal, ils mêlent généralement des outils empruntés aux différents courants en fonction 1) de la personnalité du patient et 2) de la problématique rencontrée par ce patient à ce moment précis de son existence.

Dès lors, l’important dans le choix du psychologue avec lequel vous allez cheminer, c’est surtout de tenter de ressentir en vous-même, à l’issue de la première rencontre, si celle-ci vous a d’emblée fait du bien et si vous vous sentez en confiance. La personnalité du psychologue et la manière dont la relation thérapeutique va s’instaurer vont constituer des critères bien plus importants que son orientation théorique. De plus, si vous « ne le sentez pas » si je puis dire, il ne faut pas avoir peur de frapper à plusieurs portes et, le cas échéant, rencontrer 2 ou 3 psychologues avant d’arrêter votre choix. Un psychologue qui convient très bien à une personne ne convient pas nécessairement à une autre.

Autres métiers liés à la santé mentale

Les psychiatres

Les psychiatres sont des médecins qui se sont spécialisés en psychiatrie, branche de la médecine qui étudie les troubles mentaux et affectifs. Avec les psychologues, ce sont les personnes qui sont amenées à s’occuper des troubles les plus graves, notamment ceux entraînés par un dysfonctionnement organique ou biologique. Ils exercent dès lors souvent au sein de structures hospitalières, activité que certains psychiatres peuvent être amenés à compléter avec une consultation privée.

Du fait qu’ils soient avant tout médecins, les psychiatres sont habiletés à prescrire des médicaments. Ce n’est pas le cas des psychologues. Lorsque la prise en charge d’une personne en thérapie nécessite un soutien médicamenteux, celle-ci se fait souvent de manière conjointe soit avec le psychologue et le médecin traitant, soit avec le psychologue et un psychiatre.

Dans ce genre de prise en charge bilatérale, le psychologue va plutôt travailler avec le patient sur les origines et les conséquences du mal-être, et comment évoluer vers un mieux. Le psychiatre va plutôt travailler sur le volet physiologique et médical.

Attention: à nouveau, cette distinction est un peu arbitraire dans le but de fixer les idées. En pratique, de nombreux psychiatres complètent leur cursus par une formation en psychothérapie afin d’aider leurs patients de la manière la plus complète possible.

De la même façon que pour le titre de psychologue, le titre de psychiatre est protégé par la loi.

Les psychothérapeutes

A l’inverse du titre de psychologue ou de psychiatre, le titre de psychothérapeute n’est pas protégé par la loi. Dès lors, bien que la grande majorité des psychothérapeutes soient des personnes extrêmement bien formées et riches d’une solide expérience clinique, cette ambiguïté a donné lieu à certaines dérives. En effet, n’importe qui pouvait s’attribuer le titre de psychothérapeute sans que cette dénomination ne reflète un cadre de référence clair pour les patients.

En effet, la psychothérapie se définit par les soins ou l’accompagnement, par une personne formée à cela, d’une ou plusieurs autres personnes souffrant de problèmes psychologiques. Cette définition très générale peut prêter à confusion: les autorités belges ont donc décidé de légiférer en la matière.

Par conséquent, le SPF Santé Publique a établi que « la psychothérapie est définie comme une forme de traitement des soins de santé mentale et non comme une profession des soins de santé spécifique nécessitant un agrément. La psychothérapie ne peut être exercée que par des personnes qui ont déjà un titre professionnel et qui remplissent une série de conditions », notamment à travers des critères précis en termes de formation.

Il y a de nombreux psychothérapeutes de qualité dans le paysage des métiers de soin en Belgique. Parmi eux, on trouve des psychologues, des psychiatres, des orthopédagogues ainsi que des personnes émanant de différents cursus… Cependant, l’évolution de la législation dans le domaine rend la lisibilité du terme de « psychothérapeute » un peu délicate. Par conséquent, si vous souhaitez travailler avec un psychothérapeute que l’on vous a recommandé mais que vous êtes un peu perdu, posez-lui simplement la question du parcours qu’il a suivi. Il pourra ainsi vous éclairer et vous rassurer sur ses qualifications.

C’est d’ailleurs une démarche que je vous encourage à faire avec n’importe quel professionnel de la santé mentale qu’il soit psychothérapeute, psychologue, psychanalyste ou autre.

Les psychanalystes

Les psychanalystes sont des personnes qui disposent généralement d’un diplôme universitaire en sciences humaines ou en psychologie. Ils ont suivi une formation à la psychanalyse au sein d’une école psychanalytique et ont eux-mêmes suivi une psychanalyse, condition essentielle pour accéder au titre d’analyste.

Leurs interventions cliniques s’inscrivent dans la perspective psychodynamique évoquée précédemment. On trouve donc des écoles se référant à Freud, Lacan, Jung… Chacune dispose d’un référentiel théorique et d’un cadre de travail qui lui sont spécifiques. Au même titre que pour les psychologues, ce n’est pas la question de l’école qui est centrale mais plutôt son sérieux, celui du psychanalyste que vous rencontrez et ses qualités tant humaines que cliniques. Celles-ci, ainsi que la confiance et la qualité de l’alliance thérapeutique seront essentielles si vous décidez d’entreprendre une psychanalyse. Il s’agit en effet d’un voyage au long cours qui ne se décide pas sur un coup de tête.

Contrairement aux titres de psychologue et de psychiatre, le titre de psychanalyste n’est pas protégé par la loi.

Et bien d’autres…

Il existe une multitude de professionnels de la santé mentale et il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Au besoin, demandez conseil à votre médecin traitant ou à un proche en qui vous avez confiance. Parfois, c’est cette simple démarche qui, par ricochet, va vous permettre de faire le premier pas vers un mieux-être.

Alors, finalement, vers qui se tourner?

Nous n’avons fait qu’esquisser les différentes orientations des professionnels de la relation d’aide. Cette simplification ne rend pas justice aux différentes disciplines mais l’enjeu était surtout de pouvoir fixer les idées afin de vous permettre de différencier leurs champs d’action respectifs.

Pour résumer, quand vous souhaitez entreprendre un travail thérapeutique, vous pouvez effectuer une recherche sur internet pour trouver un professionnel qui prend en charge la problématique dans laquelle vous vous trouvez, ou encore demander conseil à votre médecin traitant ou à un proche de confiance.

En fonction de votre situation et si c’est possible pour vous, n’hésitez pas à rencontrer plusieurs « psys » au départ: c’est en comparant que vous arriverez à mieux discerner ce qui est vraiment juste pour vous, surtout si vous êtes en période de turbulence et que vous avez du mal y voir clair.

La première rencontre avec un « psy » est toujours un moment essentiel lorsqu’on débute un travail sur soi: est-ce que je me suis senti accueilli, entendu, compris et rejoint dans ma difficulté, dans ma souffrance?

Si la réponse est « oui », alors les bases sont là pour faire le second pas.

Sources

  • Tavris C. Wade C. (2007). Introduction à la psychologie. Les grandes perspectives. 2ème édition. Québec: Editions du renouveau pédagogique Inc. (Œuvre originale publiée en 1995)
  • Photo par Nik Shuliahin sur Unsplash